Yoon Suk Yeol a été inculpé hier pour insurrection. Et ce 54 jours après sa tentative avortée d'instaurer la loi martiale le 3 décembre dernier. Il est le premier président en exercice de l'Histoire de la Corée du Sud à être mis en examen.
Le Parquet a pris cette décision deux jours avant la fin de sa période de détention provisoire, à la suite du rejet par le tribunal, le week-end dernier, de la prolonger. Pour rappel, en vertu de la loi, un suspect doit être remis en liberté s'il n'est pas inculpé au cours de sa période de détention.
Les procureurs ont déclaré avoir examiné les preuves transmises par la Police et le Bureau d'enquête sur la corruption des hauts fonctionnaires (CIO), avant de conclure que l'inculpation était appropriée. Et d'ajouter qu'ils ont pris cette décision par crainte que le suspect ne détruise des preuves s'il était relâché. Désormais, Park Se-hyun, procureur général de Séoul et chef de l'unité d’enquête spéciale du Parquet sur la loi martiale, devra prouver la culpabilité de Yoon alors qu'il n'a pas eu l'occasion de l'interroger directement.
Le chef de l'Etat est ainsi accusé d'avoir incité à une insurrection, en collaboration notamment avec Kim Yong-hyun, ministre de la Défense de l'époque, en proclamant la loi martiale inconstitutionnelle et illégale, malgré l'absence de signes de guerre ou de crise nationale comparable au conflit armé. A noter que les charges d'abus de pouvoir et entrave à l'exercice des fonctions publiques ont été abandonnées puisqu'un président en exercice bénéficie de l'immunité contre l'inculpation pour les chefs d'accusation autres que l'insurrection ou la trahison.
Le dirigeant suspendu est également soupçonné d'avoir déployé des troupes et des policiers à l'Assemblée nationale pour bloquer le vote des députés pour la levée de l'état d'exception. Il a par ailleurs été accusé d'avoir ordonné d'arrêter des personnalités politiques, dont Woo Won-shik, le président du Parlement, Lee Jae-myung, le chef du Minjoo, le premier parti de l'opposition, et Han Dong-hoon, le président du Parti du pouvoir du peuple, le parti présidentiel. Les officiels de la Commission électorale nationale étaient également sur la liste.
Le 6 décembre dernier, le Parquet avait débuté ses investigations sur la proclamation de cette éphémère loi martiale, en arrêtant les auteurs de cette tentative, à commencer par Kim Yong-hyun. C'est le CIO qui a mené des enquêtes sur Yoon, qui n'a pas souhaité répondre à ses interrogatoires, avant de transférer le dossier au Parquet vendredi dernier.