Le dossier du rapatriement en Corée du Nord de deux marins accusés de 16 meurtres, en novembre 2019, a déjà suscité à l’époque beaucoup de polémiques. Et on s’interroge aussi toujours sur la sincérité dans leurs déclarations de faire défection au Sud.
Le gouvernement d’alors, celui de Moon Jae-in, avait décidé de les renvoyer dans leur pays, même s’il a annoncé que ces deux ressortissants venant du Nord avaient écrit de leur propre main une lettre exprimant une telle intention. Il a invoqué que leurs déclarations manquaient de consistance, précisant qu’ils avaient été arrêtés par la Marine du Sud, en mer de l'Est, lorsqu’ils prenaient la fuite après avoir tué leurs 16 collègues.
Le ministre de la Réunification de l’époque Kim Yeon-chul avait justifié la décision devant le Parlement. Selon lui, il était difficile de considérer que ces deux hommes avaient souhaité se réfugier au Sud depuis le début, de par la gravité du crime qu’ils avaient commis à bord de leur navire, sur lequel les assassinats auraient eu lieu.
Or, les photos de leur renvoi au village de la trêve de Panmunjom montrent qu’ils y résistent vigoureusement. Ce qui amplifie la polémique.
Autre interrogation, celle sur le fondement des mesures visant à les expulser. Selon les explications de l’administration Moon, cette décision a été prise pour bloquer la possibilité que ses concitoyens soient exposés à une menace qu’ils représentaient, en cas de leur intégration à la société sud-coréenne. Car, ils ont commis un crime grave, non politique, et n’étaient de ce fait pas susceptibles de profiter de la protection de la loi.
Pourtant, la Constitution sud-coréenne reconnaît aussi les habitants nord-coréens comme des citoyens sud-coréens, s’ils se trouvent au sud du 38e parallèle. De quoi amener le gouvernement de Yoon Suk-yeol à juger injuste de les rapatrier sans avoir suivi les procédures encadrées par les lois concernées.
Le ministre en exercice de la Réunification Kwon Young-se est allé jusqu’à évoquer la présomption d'innocence à appliquer avant la fin d’un procès. D’autres dénoncent une violation de la Convention des Nations unies contre la torture.