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Cinéma & dramas

Ballerina : la vengeance faite femme

2023-11-01

Séoul au jour le jour


Avec le film de vengeance « Ballerina » de Lee Chung-hyun, nous retrouvons l'actrice découverte par Lee Chang-dong dans « Burning », Jeon Jong-seo. Elle tient le film à elle seule, et il lui faut faire beaucoup d'efforts. Elle y retrouve son compère de « Money Heist Korea », le play-boy Kim Ji-hoon. Cette lourde production de Netflix avec une équipe sud-coréenne est aussi un exemple de ce que les contrats signés entre les Américains et les monopoles locaux peuvent engendrer. 


* Vengeance
La vengeance est un plat qui se mange froid, c'est bien connu. Par contre, la nouvelle vague de film de vengeance ont pour particularité d'arborer des figures féminines genre super-woman. Si vous pensez que c'est un écho du mouvement Meetoo, vous l'avez dans le mille. Et oui, les écrans petits ou grands avec leurs fantômes d'ombres et de lumières servent à exorciser les démons des vivants, leurs angoisses, leurs  frustrations. Ils servent aussi à compenser un manque, ici celui de la condition féminine. Il s'agit donc dans « Ballerina » d'une bonne copine ballerine – on ira pas jusqu'à la relation lesbienne, malheureusement – qui se fait abuser par un play-boy - Kim Ji-hoon - un peu gangster sur les bords. Il participe au grand trafic des femmes pour la prostitution. Mais cette fois, il est mal tombé : Jeon Jong-seo est là, championne de kickboxing invétérée, elle va sauver une autre esclave du gang et liquider – ou plutôt, fumer - ces mâles corrompus et déjà bien grillés.


* Condition féminine catastrophique
Même si l'intrigue de ce film n'apportera rien à personne ou presque, elle donne une image catastrophique de la condition féminine en Corée du Sud. Ce que l'on appelait au moyen-âge la traite des femmes est de retour massivement dans le pays. Le film souligne bien les liens internationaux de ce trafic tentaculaire. Les gangs de Corée du Sud ne sont que des hommes de main. Que ce soit vers la Chine ou d'autres continents, les jeunes filles sont séduites, droguées, enlevées, violentées puis expédiées au quatre coins du monde pour servir à toutes les taches possibles et imaginables. Cela suggère une misère latente qui est la condition féminine locale. Dépourvue d'avenir professionnel stable et sérieux, privé de soutien familial, les jeunes femmes sont presque toutes au bord de la prostitution. Le film montre un exemple de la façon dont les gangs pratiquent pour attirer leurs proies. Il s'agit, ici, des night-clubs. Elles y viennent s’accoquiner avec de riches play-boy dans l'espoir désespéré de trouver le prince charmant. 

La description faite dans la séquence du film est assez amusante car pleine d'évitements : Jeon Jong-seo boit un milk-shake au comptoir et c'est elle qui drague le bellâtre Kim Ji-hoon. Cela suggère néanmoins que toute une faune navigue à vu dans ces clubs souvent reliés à des room-salons qu'on croyait disparu depuis la fin des années 1990. C'est ce que la situation s'est détérioré en deux sens : les femmes ont de moins en moins de possibilités dans la société, et les riches play-boys se sont multipliés. Passons rapidement sur les caricatures de gangsters employés par le film. Seule Kim Ji-hoon en se la jouant crooner dévergondé assure un minimum. Le film manque d'un humour tarantinesque, mais l’effleure avec Kim Ji-hoon quand il déclare qu'il ne peut supporter que la super-woman ait volé sa Lamborghini. De son côté, la super-woman vengeresse aux biceps de fantaisie, elle, on doit fermer les yeux pour y croire.


* Netflix « made in Korea »
Finalement, ce qui ressort surtout de ce film qui sera vite oublié, c'est la nature quantitative des contrats bien remplis entre Netflix et les monopoles de production-distribution locaux. La plateforme américaine apporte la touche des décors de luxe reconstruits à l’envie (ici, une villa de luxe, des écuries, une gigantesque salle de fabrique de drogue, une Lamborghini. Elle apporte aussi le nombre avec des figurants à l'envie, voire le nombre de gangsters qui ne servent à rien dans le film. 

Enfin Netflix apporte ses couleurs oranges-vertes et petites lumières un peu partout qui sont une marque de la chaîne. De son côté, le réalisateur sud-coréen apporte les copies d'une multitude de scènes déjà vues dans une multitude de films bien meilleurs. Le tout en récupérant des acteurs sud-coréens déjà-vu sur la chaîne : Kim Ji-hoon et Jeon Jong-seo jouaient dans sa série « Money Heist Korea ». Même certains décors et tirades sont des auto-références : par exemple, l'hôtel de Gapyeong ou les deux personnages principaux s'affrontent faite référence à l’hôtel de la série « Bargain » dont le sujet était aussi la prostitution, etc. Bref, si cela tourne en rond chez Netflix Korea, il apparaît surtout que le but est de remplir quantitativement les contrats séries et films, et ceci quelle que ce soit la qualité du résultat.

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