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Cinéma & dramas

Song of Bandits (1) : tous en Mandchourie !

2023-10-18

Séoul au jour le jour


Les prémices de la série de Netflix « Song of Bandits » sont prometteurs, mais il ne faut vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Netflix en Corée du Sud, après un départ tonitruant, nous a laissés sur notre faim avec des séries très médiocres. La dernière ayant un peu de tenue est « Black Knight », une dystopie pas piquée des hannetons. Bref, la question est sur toutes les lèvres : que vaut cette nouvelle série, sortie tout juste avant Chuseok, qui se dit historique dans tous les sens du terme ? Voyons ça.


* Gando, Mandchourie et Empire
Disons le d'emblée : le décor touche à un sujet tabou de l'histoire coréenne, celui des années qui ont suivi la chute de la dynastie Joseon au début du XXe siècle. La confusion règne dans tout l'Est de l'Asie, prise entre l'empire nippon qui se militarise à outrance, l'empire chinois qui explose en multiples principautés où règnent des chefs de guerre et enfin l'empire russe tsariste qui voudrait bien en grignoter les restes. 

Plusieurs grands territoires demeurent sans véritable autorité étatique. C'est le cas de la région de Gando ou de Yanbian en Mandchourie. Les Coréens colonisés par les Japonais qui se réfugient là-bas ne sont pas les premiers. Au XIXe siècle, la région accueille les dissidents de la dynastie Yi. Du pauvre paysan au noble déchu, la région fourmillent de rebelles au régime. Lorsque l'armée nipponne débarque, le nombre de réfugiés se multiplie. C'est à cette époque que commence l'histoire de « Song of Bandits ».


* Western Kimchi
Dès les premières séquences, on perçoit l'influence de Netflix, sa manière hollywoodienne de construire des décors plus grands que nature. Fini les bouis-bouis  et les palais en carton-pâte des séries locales, ici, on voit les choses en grand avec la loi hollywoodienne primordiale : l'argent doit se voir à l'écran. On investit et on construit. Pas question de s'en mettre plein les poches en douce. Les reconstitutions de « Song of Bandits » ressemblent à celles des films de Kim Jee-woon : « The Good the Bad and the Weird » d'abord pour le côté désertique et western - c'est de là que vient le sobriquet de Kimchi Western. Il devait être le pendant de ce que Miike Takeshi tentait dans le cinéma japonais avec son Sukiaki Western produit par Quentin Tarantino. 

La seconde ressemblence est moins flatteuse, c'est avec un film comme « Age of the Shadow », autrement dit des décors boursouflés, trop neufs, trop clinquants pour être quelque peu réalistes. On est dans le Heritage Film à la britannique, une promo en carte postale d'une certaine époque imaginaire. Bref, on est donc partagé : la série va-t-elle tendre d'un côté, avec un réalisme minimal mais pas factice, ou de l'autre côté avec du faux du bas en haut ? En attendant parlons de l'action.


* Netflix partout, justice nulle part
Les amateurs de séries connaissent déjà bien les recettes de Netflix et de ses bataillons de scénaristes. Le coup du flash-back sur l'adolescence terrible et pauvre de chaque personnage, par exemple. Dans « Song of Bandits », du moins au début, on a la recette de la superwoman. Le héros taciturne et plutôt moche - c'est le cas de la plupart des personnages au début, c'est peut-être un nouveau concept, qui sait ?  Kim Nam-gil, un roturier coréen devenu soldat nippon mais qui quitte l’armée impériale, doit se coltiner « miss muscles » envoyée par son ancien propriétaire et haut gradé militaire pour le tuer. Mignonne et tueuse sans merci, elle représente la superwoman de l'époque Meetoo mais pas seulement. La série égrène les références cinématographiques et, forcément, l'incontournable King Hu et sa belle épéiste de « Raining in the Mountain ». On passe sur les références à « Tigres et Dragons » et à aux ressucés des années 2000 : les classiques de Hong Kong sont indétrônables dans le genre. Bref, il y a de la matière mais le suspense reste entier dans le premier épisode. Là aussi Netflix nous a habitué à des premiers épisodes consensuels. Même « Hellbound » de Yeon Sang-ho avait un épisode racoleur et décevant pour commencer.

Il n'en reste pas moins que la série a une piste et le budget pour marquer un grand coup dans le paysage netflixien. On suspecte le côté sud-coréen (Studio Dragon qui est en co-production avec Netflix) de tenter de faire entrer de l'idéologie néo-nationaliste. La complexité de la réalité historique serait alors gommée, édulcorée, et on se retrouverait avec des héros de cartons-pâte pour midinettes et adolescents attardés. Mais ne vendons pas la peau de l'ours avant de l'avoir tué. La suite au deuxième épisode, donc.

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