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Cinéma & dramas

A man of Reason : Jung Woo-sung loin derrière la caméra

2023-10-04

Séoul au jour le jour


Les amateurs de cinéma sud-coréen le connaissent bien. Jung Woo-sung a été l'acteur vedette des années 2000 dans de nombreux films et dans à peu près tous les genres. Voilà qu'il passe pour la première fois derrière la caméra. Pas de souci : il est aussi devant comme acteur. Sur les traces de son compère Lee Jung-jae, le héros de « Squid Game », qui avait fait le saut de la réalisation avec « Hunt » en 2022, Jung devient réalisateur avec un film d'action bizarrement intitulé : « A Man of Reason ». Est-ce bien raisonnable ? 


* La bascule
Jung Woo-sung avait représenté, avec Lee Jung-jae, la nouvelle génération des acteurs locaux de la fin des années 1990. Cette génération profitait des investissements massifs venant de grosses compagnies dans le cinéma. Les films de genre étaient leur cheval de bataille. Et donc on retrouve Jung d'abord dans « Born To Kill » en 1996 avec l'actrice Shim Eun-ha. Le film, la romance d'un tueur à gage, fonctionne au box-office et cerne un premier héros rebelle comme il n'en existait pas dans le cinéma local. Ensuite, on le retrouve dans le célèbre film « Beat » de Kim Sung-su en 1997. Cette histoire de jeunes délinquants à la manière du Tayozoku nippon des années 1960 attire les foules. Deux ans plus tard, Jung retrouve Kim Sung-su et Lee Jung-jae pour « City of the Rising Sun ». C'est l'époque de la gloire pour le sémillant play-boy, mais très vite l'acteur se retrouve enfermé dans des clichés et des blockbusters ringards. Il garde cependant l'honneur de ne pas paraître trop souvent à la télévision et préfère s'investir, avec son ami Lee Jung-jae, dans divers bizness lucratifs. Vers 2016, il semble vouloir se refaire une image, et il est la star de « Asura » de son compère Kim Sung-su, lui-même sur le retour. Jung tente de se faire une aura de mauvais garçon, mais la sauce ne prend pas. Alors quoi de mieux que de réaliser ses propres films ? Surtout que son compère Lee a déjà sauté le pas, mais le mauvais.


* Scénario ou algorithme ?
Jung Woo-sung aurait du le savoir après avoir tourné tant de blockbusters insipides : le scénario est essentiel à un film. Il ne suffit pas d'empiler des scènes prétendument intéressantes. Même si deux personnes semblent signer le scénario de « A Man of Reason », Jung Hae-sin et Jung Woo-sung, lui-même, on a la sensation qu'un algorithme probablement puisé dans les archives de CJ Entertainment a servi à l'écriture du film. 

Cela commence par Jung Woo-sung qui sort de dix ans de prison. Et oui, c'est un brave gangster qui s'est sacrifié pour son méchant patron, cruel et laid (interprété par l'excellent Park Sung-woong avec des cheveux longs et son célèbre visage vérolé). Bien sûr, il y a une petite romance là-dessous : le terrible gangster mais beau gosse est devenu papa. La gestation a été longue puisqu'il a pris dix de prison ; mais c'est un beau bébé. Du coup, Jung veut se mettre au vert. L'histoire est connue. Ce n'est pas de l'avis de son patron qui ne voit qu'une solution : flinguer son fils putatif et traître. Il commence par faire enlever sa fille. Voilà tout. Ensuite s’enchaînent des poursuites et des cascades bien convenues car malheureusement tout est joué d'avance. 

Les acteurs qui passent derrière la caméra savent souvent qu'il ne faut pas se donner le beau rôle, c'est trop facile et sans surprise. Voyez Clint Eastwood. Ce dernier a pris soin, au début, de tourner des scénarios écrits par les autres, et bien écrits. Ici, l'impression est que personne n'a vraiment écrit ce défilé d'images (merci au directeur de la photo), juste compilé des scènes faciles et largement trop bavardes. Jamais aucun film n'a marqué l'histoire du cinéma avec des bavardages. Qu'on se le dise.


* Acteur réalisateur
Jung était donc trop attaché à suivre les pas de son compère Lee et, comme lui, il s'est fourvoyé dans ses premiers pas de réalisateur. Il a probablement suivi un directeur de la photo que la production lui a mis dans les pattes. Bref, il ne faut cependant pas jeter le bébé avec l'eau du bain. Cette tendance des acteurs sud-coréens à vouloir s’émanciper et à voler de leurs propres ailes est une bonne chose. Longtemps soumis aux diktats des monopoles de distributions, ils ont acquis assez de notoriété, amassé assez de fortune et fait suffisamment d'expériences internationales pour se lancer. Reste encore à faire de ces beaux gosses businessmen de vrais artistes. Cela prend du temps, c'est certain.

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