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Pour alléger la peine
Des chaloupes remontent le Han, un cours d’eau qui traverse la capitale sud-coréenne et se jette dans la mer Jaune. Nous sommes à l’époque où cette métropole s’appelle, non pas Séoul, mais Hanyang. C’était durant la période de la dynastie Joseon. En fait, de nos jours, le Han n’est plus fréquenté par des bateaux de commerce.

D’où viennent ces chaloupes avec au mât des pavillons hauts en couleurs comme pour attirer l’attention ? De Ganghwa, une île située à l’embouchure du cours d’eau qu’elles remontent. Elles sont chargées de différents produits régionaux, notamment des crevettes en saumure indispensables à la préparation du kimchi, un mets qui ne manque jamais ou presque à la table des Coréens. Elles vont mouiller à Mapo, un port situé sur la rive droite du Han.

Il faudrait beaucoup de chance pour que le vent aide un bateau à naviguer à contre-courant. En effet, les chaloupes venues de Ganghwa remontent le Han à la force des rames. Pout cadencer leurs mouvements, mais aussi pour alléger la peine d’une tâche dure et fastidieuse, les marins de commerce, en ramant, chantent une chanson.

Ceux-là sont nés sous une bonne étoile
La richesse, la noblesse et la gloire sont à eux
Et moi, né sous une mauvaise étoile
Je rame pour gagner ma vie

Ainsi chantent les chaloupiers qui font avancer leur bateau à force de bras. Puis, comme s’ils avaient pris conscience que la jalousie à l’égard des chanceux et la colère contre leur mauvais destin ne les aident point à ramer, ils chantent ensuite :

Ramons et mouillons à Mapo
Un verre de vin va déjà nous récompenser

Ayant besoin de réconfort, ces chaloupiers songent donc à des buvettes installées sur le port, des établissements employant pour certains des femmes qui vendent leurs charmes. Qu’ils prennent garde. Il n’est pas question de succomber à leur séduction et de retourner auprès de leur famille les mains vides.

Venons-en à une autre circonstance dans laquelle est né un chant de travail de l’époque de Joseon. Les personnages sont cette fois-ci des femmes avec, comme décor, la rive d’un cours d’eau à Hamgyeong, une région qui se trouve à l’heure actuelle en Corée du Nord. Elles chantent une chanson portant comme titre « Dondolrali », une invention à partir du mot « dolda », « tourner ».

Ce sont des femmes sorties cueillir des plantes comestibles sur le bord d’une rivière baignant leur village. Juste pour nous amuser, imaginons la naissance du chant « Dondolrali » par rapport à son titre qui évoque un cercle.

Il s’agit d’une scène dans laquelle ces femmes à la cueillette citent à tour de rôle un objet de forme circulaire sur un morceau de mélodie. Histoire de se distraire. « Rond est mon panier », dit une dame. Sa voisine plaisante, toujours en chantant : « Toi aussi, tu es ronde ». Tout le monde éclate de rire. Inspirée par une belle lumière printanière, une autre femme dit : « Rond est le soleil. » Encore une autre répond : « Ronde est aussi la Terre. Et elle tourne. » Sur ce, la plus jeune, animée par le jeu, a une idée : « Et si nous faisions une ronde ? » Tout le monde se lève et commence à danser en chantant, main dans la main, son panier sous le bras. Ces villageoises, aussi pauvres les unes que les autres, oublient un instant leur quotidien éprouvant. Elles pensent peut-être que tout est circulaire, qu’après la peine, vient la joie et que celle-ci, jamais éternelle, va céder à ce qui l’a précédée.

Liste des mélodies de la semaine
1. « A ramer   » chanté par Kim Yong-woo.
2. « Dondolrali » chanté par Yi Han-cheol.
3. « Chant de quatre saisons » chanté par Park Ae-ri.

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