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Chanter la joie
Le mehwa ou l’abricotier du Japon. Il s’agit d’une plante à fleurs particulièrement appréciée par les lettrés de l’époque de la dynastie Joseon, et ce pour la raison essentielle qu’elle fleurit à la fin de l’hiver où, dans certaines régions, la neige est encore présente. Un certain Shin Heum, un poète de Joseon, écrit : 

Le mehwa souffrant du froid
Ne vend jamais son parfum

En fait, dans la Corée de Joseon comme en Chine antique, cet arbuste produisant des fleurs abondantes, roses ou blanches, sur des branches apparemment mortes, et émanant un parfum délicieux, était souvent comparé à un héros confucéen entièrement dévoué aux principes éthiques et faisant face aux rudes épreuves de la vie avec persévérance.

Alors que la floraison du mehwa a inspiré aux intellectuels de Joseon des poèmes édifiants, elle a donné naissance, dans le milieu populaire, à des chansons tout simplement gaies. Pour les gens du peuple, le mehwa en fleur était avant tout annonciateur du printemps, de la fin imminente d’une saison dure. D’autant que les logements de la plupart d’entre eux étaient mal chauffés et que l’hiver était aussi une période éprouvante au niveau de l’alimentation. La floraison du mehwa leur inspirait ainsi la joie. 

Pour parler d’un chant folklorique aussi joyeux que ceux qui chante le mehwa, imitons le vers de Shin Heum que nous avons cité :

Celles-la vivant dans la pauvreté
Ne vendent jamais leur charme

Il s’agit des jeunes femmes dans le chant « Gandereong taryeong », de celles qui sont venues vendre différents produits naturels ou artisanaux dans une foire. Etant donné que les femmes de Joseon sont en général marquées par la pudeur, elles semblent avoir accepté contre leur gré de sortir dans des lieux publics et de s’exposer au regard indiscret des hommes inconnus. Ne faisant rien pour attirer les clients, peu souriantes et peu bavardes à leur contact, elles sont loin d’être de bonnes vendeuses.
Mais, selon le titre du chant, c’est en raison de cette timidité, justement, que les visiteurs au marché les trouvent charmantes. Le mot « gandereong » veut dire, effectivement, « séduisant ».

Celle-là venue de Wangshipri
Vendeuse de légumes
Gandereong gandereong
Et celle-là venue d’Eogae
Vendeuse de chapeaux en crin de cheval
Gandereong gandereong

Rappelons que la timidité provient souvent de la fierté. Ces vendeuses timides sont comme le mehwa, fier de fleurir dans le froid, parfois sous la neige. Elles ne songent sans doute jamais à profiter de leur charme pour la promotion des ventes.

Le mot « gandereong » n’existe pas dans le dictionnaire. Il s’agit d’une invention à partir de l’adjectif « gandereojin » qui veut dire « charmant » ou « séduisant ». Invention visant, semble-t-il, à donner une fluidité, voire une musicalité à ce mot grâce à la nasalité. Un mot ou un groupe de mots, disons, arrondi de cette façon est aussi agréable à entendre. « Neorang narang », « toi et moi » par exemple, ou « alkongdalkong », « lovey-dovey ». Notons que l’équivalent coréen de la locution « voix sucrée » est « kotsori », la « voix nasale ».

Liste des mélodies de la semaine
1. « Mehwa taryeong » chanté par Song So-hee.
2. « Gandereong taryeong » chanté par Chae Su-hyun.
3. « Jeongseon Arirang » chanté par Goje.

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