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Peinture et musique
Certains tableaux peuvent évoquer une mélodie. Une scène de genre de Shin Yun-bok par exemple. Cette œuvre, datant du XVIIIe siècle, époque de la dynastie Joseon donc, représente le rendez-vous nocturne d’un homme et d’une femme au coin d’une ruelle. Ce premier, portant une lanterne, semble inviter la demoiselle à le suivre, mais cette dernière a la tête légèrement penchée, pensive. Où veut-il l’emmener ? Quelle est leur relation ? Comme s’il avait anticipé ce genre de questions, le peintre a inscrit sur sa toile : « C’est à eux seuls de connaître leur histoire de cœur. » S’agit-il de réprimander les curieux ?

Ce tableau bien connu des Coréens rappelle à certains un poème chanté datant également de l’époque de Joseon et qui comporte les mêmes mots que ceux inscrits sur la toile :

Les amants passant une nuit ensemble
Nuit caressée par une pluie fine
C’est à eux seuls de connaître leur histoire de cœur
Ils se sont peut-être jurés l’un à l’autre
De s’aimer pour toujours et de vieillir ensemble
Mais qui sait
Ils se quitteront peut-être dès que la pluie cessera

L’auteur anonyme de ce poème chanté était certainement un curieux. Il semblerait que c’était aussi une personne jalouse d’un couple heureux en amour.

Dans les œuvres de Kim Hong-do, un autre peintre de Joseon qui excellait en matière de scène de genre, figure souvent un instrument de musique. Dans sa toile « Le Petit danseur » par exemple, un garçon qui danse est entouré de musiciens. Ils sont six au total : deux piri, un daegeum, un hyegeum, un jangu et un tambour. Mais quelle mélodie jouent-ils ?

Le petit danseur, un pied soulevé et l’autre en pointe, remue ses manches longues et larges, l’une vers le haut, l’autre vers le bas. On imagine une exclamation des spectateurs à la fois pour légèrement battre la mesure et pour s’amuser. En effet, rien qu’en regardant ce tableau, un chef-d’œuvre en matière de scène de genre, on est animé au point d’avoir envie d’imiter le mouvement du petit danseur. La mélodie, que les musiciens sur la toile sont en train de jouer, est sans doute une pièce de musique particulièrement gaie.

Le peintre Kim Hong-do est aussi connu pour ses nombreux tableaux représentant un ermite. Sur l’un d’eux, le sage retiré du monde, assis à l’ombre d’un pin, joue d’un instrument de musique : le saenghwang. Il s’agit d’un aérophone peu connu du grand public de nos jours.

Cet instrument à vent est constitué d’une dizaine de tubes de bambou disposés verticalement à la base, autrefois une calebasse, aujourd’hui en bois ou en métal, dans laquelle le musicien souffle pour jouer. Ces tubes comportent chacun une hanche, une lamelle en métal. Cela le rend différent des autres instruments à vent coréens, et ça explique justement sa sonorité particulière.

S’agissant d’une personne ayant choisi de vivre dans la solitude et donc de mener une vie simple, on imaginerait plutôt qu’elle joue du piri, une petite flûte, un instrument de musique sobre et facile à fabriquer. En fait, le saenghwang était un petit luxe à l’époque de Joseon. Il était par ailleurs souvent joué par une kisaeng, la demi-mondaine de ce royaume. Un autre tableau de Kim Hong-do, une scène de genre, représente effectivement une promenade fluviale des nobles à bord d’un bateau en compagnie de ces courtisanes. L’une, assise à la proue, joue justement de cet instrument à vent.

Le choix de représenter le sanghwang sur cette toile, dont le thème est à l’opposé de celui-là, peut s’expliquer par la présence d’une bouteille d’alcool à proximité du personnage représenté. En fait, un ermite a pleinement le droit de s’enivrer de temps à autre, de vin ou de musique, ou des deux à la fois.

Liste des mélodies de la semaine
1. « Changwesamgteong » chanté par Yi Jun-ah.
2. « Dangak » interprété par Choi Kyeong-min.
3. « Suryongeum » interprété par Kim Hyeo-young.

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