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On écoute ça en hiver
Imaginez un amoureux ou une amoureuse se promenant dans une forêt de pins après la neige. Il ou elle s’exclame :

C’est la saison des pins en fleurs

Comme il arrive à tous les amoureux, il ou elle est saisi(e) d’envie de partager avec son amour ce qui l’exalte :

Je vais lui en envoyer une branche

Ces mots nous laissant deviner la profondeur de son amour sont suivis d’un souhait, un vœu quasi impossible :

Que ce cadeau lui parvienne
Avant que ces fleurs blanches ne périssent

Il s’agit d’un poème, un « sijo » plus précisément, une forme poétique qui s’est développée à l’époque de la dynastie Joseon. On ne sait trop de qui, mais certainement d’une personne passionnément amoureuse.

Quelle autre chose que la saison aurait une force si puissante en matière d’évocation des souvenirs ? Le retour d’une saison nous amène irrésistiblement à nous remémorer ce que nous avons vécu de particulier, de bien ou de mal, à la même période de l’année. Des souvenirs récents ou lointains, personnels ou communs à une génération précise.

A la première vague de froid, certains Coréens de plus de 60 ans se souviendraient de la veillée en famille autour d’un brasero. Un souvenir doux et tendre comme leur enfance. Ils peuvent se rappeler notamment du cri d’un vendeur ambulant de « chapsalteok » ou « mochi », un gâteau d’origine japonaise préparé à base de riz gluant et très sucré. Durant une longue veillée peu animée, ils n’attendaient que ça, ce cri semblable à un air de musique et qui retentissait de plus en plus fort à l’approche du vendeur.

Le souvenir est souvent lié à une saveur. La « madeleine de Proust » en est un excellent exemple. Quelle saveur est étroitement associée à l’hiver pour les Coréens qui ne sont plus jeunes ? Celle du « odeng » par exemple, une sorte de pot-au-feu qu’ils dégustaient dans une gargote ambulante sur le chemin du retour à la maison après le travail. Ils y passaient pour s’abriter un instant contre le froid et pour se réchauffer grâce au bouillon bien chaud. L’hiver d’autrefois peut aussi se ressusciter grâce au goût du « bungeopang », un gâteau en forme de poisson que l’on mange chaud ou encore à celui des marrons chauds. Au soir d’hiver, les enfants attendaient ces amuse-gueules autant que le retour de leur papa. En effet, celui-ci ne manquait pas à d’acheter au coin de la rue. Le texte d’une vieille chanson populaire serait incompréhensible sans songer à l’association du marron chaud et de l’hiver, du vent glacial de cette saison, chez les Coréens de l’ancienne génération :

Le vent souffle, le vent siffle
Voilà les marrons chauds

Alors qu’en hiver, un vent glacial venu de Sibérie fait grelotter la Corée, le climat s’adoucit pendant deux ou trois jours grâce à un vent tiède qui souffle d’est en ouest. C’est ce que les navigateurs appellent « l’alizé ». Ce vent qui, dans le passé, était bénéfique en particulier pour les professionnels du commerce extérieur, a profité autrement à un stratège dans le roman historique chinois « Les Trois Royaumes », dans l’épisode reproduisant la célèbre Bataille de la Falaise rouge pour être précis. Il lui fallait absolument ce vent, disons « miraculeux », pour battre la flotte ennemie s’avançant d’ouest en est.

Un numéro de pansori racontant cet épisode peut être particulièrement appréciable en hiver, car l’histoire se déroule comme si c’était un combat contre la rudesse de cette saison pour remporter finalement la victoire.

Liste des mélodies de la semaine
1. « Dans une forêt de pins » interprété par Yang Jung-won.
2. « Le vent souffle » interprété par Yi Hyunuinong.
3. « La Bataille de la falaise rouge » chanté par Yun Jin-cheol.

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