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Les années 1930

Dans les premières décennies du XXe siècle, les Coréens, hélas sous l’occupation japonaise, sont submergés par les inventions technologiques, le disque phonographique par exemple, le 78 tours plus exactement. Certes, dans les années 1930 où ils découvrent cette petite merveille, les ménages possédant un tourne-disque sont encore rares. Mais les amateurs de musique n’ont qu’à aller dans un café, un établissement s’inscrivant également dans la nouveauté, pour écouter des tubes. En effet, il existe déjà des chanteurs vedettes produits par les médias. L’heure est à l’exploitation commerciale de l’art.


Un artiste est exploitable aussi pour son renom. Ainsi, une maison de disque propose à une célèbre danseuse des années 1930, Choi Seung-hee, de faire un album. La chorégraphe ayant accepté, le label discographique s’aperçoit qu’elle a aussi des talents de chanteuse. On ne lui a pas demandé d’interpréter un morceau de pansori, ni des chansons modernes inspirées du « enka », un genre musical japonais, mais une série de « sinminyo », « nouveaux chants folkloriques », une adaptation des mélodies de gugak de façon à séduire les Coréens à cheval entre la tradition et la nouveauté. Un des morceaux enregistrés par Choi Seung-hee porte par ailleurs un titre exotique : « Le Jardin d’Italie ». 


Les années 1930 sont aussi marquées par l’avènement de l’industrie du divertissement ou du show-biz. A Séoul notamment, appelé alors Kyeongseong, différents spectacles organisés par des professionnels en la matière donnent rendez-vous au public. Certains d’entre eux émerveillent les spectateurs par leur nouveauté : le « changgeuk » par exemple, une espèce de comédie musicale, ou le « yeonseoguk », un mélange entre le théâtre et le cinéma, du fait que certaines scènes théâtrales, celles qui se déroulent en plein air, sont remplacées par la projection des séquences filmées.


Quant aux spectacles programmant chansons et danses, ils sont aussi souvent animés par des humoristes. Notons que certaines de leurs œuvres sont enregistrées et diffusées grâce au disque phonographique.


A l’un de ces comiques populaires, Shin Bul-chul, on doit les paroles d’un hit des années 1930, une chanson du genre « sinminyo » portant comme titre les « Saules pleureurs sur les rives ». Le texte aurait été écrit lors d’une journée printanière, dans une buvette au bord du fleuve Han, alors que l’auteur est devenu particulièrement mélancolique devant le retour de la saison du renouveau dans son pays occupé par le Japon. En effet, dans ses sketchs, il lui arrivait parfois de dénoncer l’occupation, et ce, comme il se devait, de façon humoristique. Il disait par exemple : « A-t-on besoin de savoir pourquoi on vit ? Non. Débarrassons-nous alors du pourquoi. » Sachez que le mot coréen « we », « pourquoi », est l’homonyme du nom du Japon le plus anciennement connu, « wa » en japonais.


Un autre tube des années 1930, « Taepyeonyeon », également du genre « sinminyo », doit sans doute son succès à sa couleur exotique et à la grande performance de son interprète, Sunwo Ilsun, une chanteuse adulée. Son compositeur, Jung Sa-in, a adapté une vieille mélodie coréenne, « Changbutaryeong », sur le rythme de la valse. Quant à son texte, il semble chercher à soustraire le peuple d’un pays occupé à la mélancolie :


A quoi bon s’énerver

A quoi bon se tracasser

Profitons de la vie et amusons-nous


Cette chanson fait l’objet d’une nouvelle adaptation pendant une autre période noire de l’histoire de la Corée : les années 1950 marquée par le conflit entre le Sud et le Nord et la misère d’après-guerre. Une certaine Yi Eun-ju, une chanteuse de pansori, adapte la cérémonie chamanique en gardant son texte sur la mesure du chant du « gut ». Un choix fait sans doute pour remonter le moral de ses compatriotes. Et c’est finalement cette version qui est retenue dans le répertoire du « sinminyo ».


Liste des mélodies de cette semaine

1. « Le jardin d’Italie » chanté par Yi Jeong-pyo.

2. « Saules pleureurs sur les rives » chanté par Kim Yong-woo.

3. « Changbu Taryeong » chanté par Song So-hee.

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